Présentation : attention, dress code !

Le vêtement est un langage qui exprime à l’autre un message sur soi. Et lors d’une présentation orale, il devient primordial.

Tim Cook, le PDG d’Apple, qui devrait présenter de nouveaux iPhone lors de la keynote, le 12 septembre, privilégie comme son prédécesseur, Steve Jobs, le style minimaliste « normcore ». Mais le jean-chemise-baskets a, peu à peu, remplacé la paire de New Balance, le jean Levi’s 501 et le célèbre col roulé trompe-l’oeil Issey Miyake de l’inventeur de la marque à la pomme.

« Même si le message est riche et travaillé, il faut savoir qu’il ne compte que pour 7 % seulement dans l’impact d’une présentation orale, le vocal pour 38 % et l’image pour 55 % ». « Sans un mot, la posture, le visage et sa mise en valeur – maquillage et coiffure -, le vêtement et tous les accessoires parlent de nous. Autant de signes qui induisent à l’autre le secteur d’activité, notre fonction, notre position hiérarchique, mais aussi notre intention, notre personnalité, et notre classe sociale ». Comment alors passer du plaisir d’être soi au marketing de soi ?

Oser les couleurs

Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, a récemment posté sur son compte une photo de sa garde-robe. Elle est exclusivement composée de tee-shirts de la même couleur et de sweat à capuche gris. Il s’est toutefois fendu d’un costume sombre et d’une cravate bleu ciel pour présenter ses excuses devant le Congrès américain alors qu’il avait échoué à protéger la vie privée des utilisateurs dont les données personnelles ont pu être utilisées à des fins politiques. D’une façon générale, que piocher dans sa garde-robe avant une prise de parole en public ? Tout dépend du secteur d’activité dans lequel le dirigeant ou manager évolue. Ceux des start-up, de l’informatique et des nouvelles technologies sont sans nul doute les plus informels. Xaviel Niel, fondateur de Free, arbore un look composé d’un jean et d’une chemise blanche. Il ne prend ainsi aucun risque quant au message à porter. Le bleu est la couleur la plus consensuelle et le blanc signe de franchise, d’intégrité et du « tout est possible ».

Pour autant, on peut oser la couleur ! Virginie Morgon, la n° 1 d’Eurazeo depuis mars dernier, en porte toujours avec une préférence pour l’orange. Vitaminée, cette couleur chaude est comme le jaune et le rose signe de fraîcheur, d’originalité et d’ouverture à l’autre tout en assumant son originalité. « La couleur n’est qu’un des paramètres du vêtement. La matière, la structure et le style rentrent aussi en jeu. A accorder à sa morphologie ». Ainsi, un vêtement structuré accompagne le mouvement. Et une garde-robe plus fluide sous-entend le romantisme. Pour les robes, la majorité des femmes, à l’image de Clara Gaymard, privilégie celles arrivant aux genoux ou tout juste en dessous. Ni trop courtes, ni trop longues. Pour les hommes, la cravate s’autorise de plus en plus d’absences. Et Stéphane Richard, PDG d’Orange, ne se prive pas de suivre cette tendance. Quant aux chaussettes, elles peuvent devenir un accessoire, une marque de fabrique, telles celles dépareillées du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Les costumes à l’élégance toute britannique de Frédéric Mion, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, sont eux aussi assumés et célèbres.

Structurer son visage

Quand le choix des chaussures – noires ou marron ? – est pour certains un casse-tête, d’autres choisissent soudain de s’en passer pour envoyer un message précis. En se présentant pieds nus devant une assemblée d’analystes et de banquiers, en 2014, Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels, a réussi son coup de communication. « Les chaussures, fermées ou ouvertes, renvoient une intention de structure ou d’ouverture. La hauteur même des talons peut jouer un rôle. En fonction de leur taille, ils peuvent traduire une intention de vouloir dominer la situation ou, au contraire, un souhait d’altérité », analyse la coach. Un effort doit aussi être apporté à la coiffure. Structurée et lisse, elle va donner une notion de cadre, ce qui est plutôt rassurant au cours d’un discours de rentrée ou d’une assemblée générale. Les cheveux détachés et bouclés enverront plutôt un message de légèreté. La hauteur du chignon doit être choisie en suivant le même raisonnement que celui pour les talons. Enfin, le visage est le premier support de la présentation. Il est nécessaire de veiller à la façon dont il est structuré. Les barbes, jusqu’ici prohibées, font leur retour. Et les maquillages sont plutôt légers, voire « nude ». « La forme, c’est le fond qui remonter à la surface », disait Victor Hugo.

Source Les Echos

Prise de parole : comment s’y préparer

Les qualités d’animation d’un orateur joueraient pour 70 % de l’impression laissée à l’auditoire lors d’une présentation.
Six conseils pour susciter l’écoute et l’intérêt.

A l’image d’un Tim Cook chez Apple ou, en France, de Sébastien Bazin, Xavier Niel ou Stéphane Richard, de plus en plus d’orateurs des milieux d’entreprise choisissent, quand vient l’heure de prendre la parole en public, de délaisser le pupitre pour adopter un style de présentation plus percutant et dynamique, mêlant storytelling et authenticité.  Selon certaines études, les qualités d’animation joueraient même pour 70 % de l’impression laissée à l’auditoire.

Mais, au préalable, pour retourner une salle, il est préférable de suivre une préparation au cordeau. Vous devez rester concentré non sur la présentation elle-même mais sur la destination vers laquelle vous voulez emmener l’auditoire. Au demeurant, c’est Aristote qui livre le secret d’une prise de parole réussie. Ethos, logos et pathos offrent un cadre de référence éprouvé en matière de persuasion. Ethos, pour le style et la légitimité de l’orateur ; logos pour la clarté du message et la logique de raisonnement ; et pathos, pour l’émotion. Et ce n’est pas tout. Six autres clefs s’avèrent indispensables.

Connaître son auditoire

Prise de parole réussie rime toujours avec auditeurs conquis. Pour espérer retenir leur attention, l’orateur doit, en amont, finement examiner son public afin d’adapter son discours. « Faire une présentation, c’est devenir le capitaine d’un bateau de croisière : les passagers doivent rester à bord jusqu’au débarquement et y trouver un intérêt ». Pour accrocher l’auditoire, il est justement utile de lui expliquer en quoi il va être concerné par l’exposé.

Niveau hiérarchique, sexe, langue, culture, personnes internes ou bien externes à l’entreprise… Dans la mesure du possible, tout doit être passé au crible. Analyser le degré d’homogénéité du public est un prérequis essentiel. « Dans le cas d’une assemblée mixte, il est très important que l’orateur décide qui il cible en priorité ». Le niveau d’expertise de l’auditoire guide aussi la personne qui s’exprime dans le contenu de son discours. « Si des experts sont présents, il est de bon ton d’employer du jargon pour leur prouver que l’on maîtrise le sujet, mais, en même temps, pour ne pas perdre ceux qui seraient plus néophytes, la technique de la parenthèse est capitale afin d’expliciter brièvement le terme utilisé ».

Evaluer  son environnement

Parfois négligée, la bonne appréhension du contexte de la prise de parole est fondamentale pour cadrer son discours et caler les contours de sa présentation. Existe-t-il un climat de défiance ou d’enthousiasme dans l’assistance ? En climat hostile, « plus l’orateur est authentique, moins il y a de la casse ». Fait-il 0 ou 40 °C dehors ? Est-on inscrit en tant que premier ou dernier speaker ? « Les réponses à ces différentes questions influent sur le niveau de fantaisie dont l’intervenant pourra faire preuve ». Dans certaines circonstances, oser quelques bons mots devant une assemblée très sérieuse, au petit matin, pourrait concourir à décrédibiliser un intervenant aventureux, alors que le procédé sera plutôt accueilli avec gourmandise en toute fin de journée, une fois le public saturé de présentations trop strictes.

Ecrire partiellement son discours

« Le premier réflexe d’un orateur est d’écrire et d’apprendre par coeur son discours, mais cette technique n’est pas la bonne car, en plus d’être complexe, elle ôte souvent toute l’authenticité de la présentation ». Au lieu de s’employer à connaître la moindre virgule de son texte, le rhéteur doit plutôt se concentrer sur des éléments cruciaux : l’introduction, la conclusion et différents « points de passage » – transition, idée forte, chiffre clef… – qu’il pourra transformer en phrases chocs en mesure de marquer l’assistance. Et « pour éviter la présentation Wikipédia, forcément rébarbative, il faut apprendre à utiliser les questions rhétoriques et les impératifs qui serviront de base de lancement aux différents sujets ». Dans tous les cas, l’intervenant ne doit pas chercher à délivrer plusieurs messages à la fois, mais un seul. « Il s’agit souvent de la conclusion de l’intervention qui doit être construite comme un ‘cut-off’ [faire office de chute, NDLR] ».

Autre point important : « L’interpellation suscite de l’écoute et fait réfléchir ». « Vous parlez de la vague de la digitalisation ? N’hésitez pas à la qualifier : ne serait-ce pas une déferlante ? » La manière la plus fréquente de susciter l’écoute est de raconter une histoire qui modifie la logique rationnelle. « Le storytelling est très en vogue mais la formule n’est pas adaptée à tous les contextes, avertit toutefois la formatrice. L’anecdote doit avoir du sens. Elle peut davantage correspondre à une présentation accompagnant le changement ; beaucoup moins à l’évocation d’une fusion-acquisition. » L’auditoire décroche en cours de route ? Proposez une pause. Au besoin, relancez l’intérêt avec une séquence de questions ou bien un sondage sur le vif.

4. Préparer, peaufiner, répéter, recommencer

Tout orateur le sait : le stress est son pire ennemi. « Engendré par la peur du jugement et la crainte du blanc, le trac peut s’évaporer à 50 % si l’on connaît son discours et si l’on sait comment on va être perçu ». Répéter est le levier le plus efficace pour être le plus zen possible le jour J. L’intervenant peut, par exemple, réaliser un enregistrement audio de son discours pour le réécouter à ses heures perdues et l’apprendre de manière passive, ou encore répéter, face caméra, et se repasser la vidéo afin de se confronter à la réalité de sa prise de parole. « Nous conseillons aussi de répéter au moins trois fois son intervention devant des personnes bienveillantes – collègues, amis, membres de la famille – qui peuvent fournir un retour honnête ». A l’orateur ensuite de corriger sa présentation pour enjamber les chausse-trappes et éviter les tunnels ennuyeux.

5. Soigner la première impression

« La prise de parole ressemble à un premier rendez-vous amoureuxAvant d’entrer en scène, l’intervenant doit bien tailler sa barbe, mettre une chemise qui claque et se faire correctement coiffer pour soigner la première impression qu’il donnera au public. » Ce passage est d’autant plus capital qu’il suffit de quelques secondes pour faire basculer la présentation d’un côté ou bien d’un autre. Il faudrait, en moyenne, sept informations contraires à la première impression pour inverser l’avis initial d’un auditeur sur un orateur.

L’une des plus grandes difficultés est de donner d’emblée le sentiment que l’on fait autorité sur le sujet. Rappeler ses faits d’armes en relation avec le sujet abordé et son implication dans tel ou tel projet du moment peut parfois être utile. La légitimité s’impose dans la présentation même de la prise de parole. Mais il n’y a pas que le fond, la forme, elle aussi, importe.

6. Maîtriser sa posture et sa gestuelle

La parole passe par le corps et la gestuelle permet d’articuler le discours. Assis ou debout ? Là encore, tout dépend du contexte. Mais dans la salle du conseil d’administration, alors que tout le monde a pris place autour de la grande table ovale, il peut être préférable de rester debout, au fond. Assis, votre diaphragme est contracté et votre voix passe moins bien, alors qu’en ces circonstances sa modulation est un atout de taille. Les coachs préconisent un bon ancrage au sol, pieds alignés, genoux déverrouillés, mains mobiles dans un cercle imaginaire à hauteur de nombril et mouvements de coudes limités à une vingtaine de centimètres du corps. Plus tourné vers l’auditoire que vers ses « slides », le bon orateur optera pour des fiches avec des mots clefs, à la manière d’un présentateur de télévision, et balaiera tranquillement son public d’un regard en « W ».

Plus on pratique, plus on s’améliore. « J’ai vu des membres de comité de direction mauvais orateurs, ennuyeux, pas incarnés ou timides, acquérir une présence et être en mesure de faire des discours toniques avec une voix claire».

Source Les Echos

Le travail à distance, vecteur d’attractivité auprès des Millennials

A la différence de leurs aînés, les générations Y et Z cherchent avant tout la diversité dans leur travail et la confiance accordée par leur manager.

Le travail à distance a été inventé avant les Millennials, génération née entre 1980 et l’an 2000. Et cette forme d’organisation semble satisfaire des collaborateurs de tout âge, pas seulement les jeunes. Néanmoins, il existe bel et bien un lien entre le télétravail et ceux qu’on appelle les générations Y et Z.

« Les Millennials sont sensibles au télétravail, non pas parce qu’ils souhaitent tous y avoir recours, mais parce que ce modèle constitue un révélateur du potentiel de transformation de l’entreprise et d’une certaine flexibilité que l’employeur est enclin à accorder », observe Arnaud de Malaussène, chef de projet chez The Boson Project, un laboratoire d’analyse des nouveaux modes d’organisation et de management.

Tout part d’une évolution du rapport au travail. Là où nombre de leurs aînés rêvaient d’un contrat à durée indéterminée, les Millennials se révèlent davantage en quête d’une diversité d’expériences. « Beaucoup de jeunes de trente ans ont déjà connu une période de chômage. Surtout, ils ont conscience de l’obsolescence de leurs compétences et de la perte de valeur de leur diplôme. D’où leur sentiment de n’avoir rien à perdre et leur volonté de se nourrir d’expériences successives ».

Responsabilisation

Ce délitement de l’allégeance à l’employeur ne va pas sans bousculer les rapports managériaux. L’heure n’est plus à la relation de subordination, mais à la coopération.

Illustrations de cette mutation, la hiérarchie s’aplatit peu à peu, le télétravail gagne du terrain, l’entretien annuel d’évaluation tend de plus en plus souvent à être remplacé par un feed-back permanent…

Au quotidien, il y a de quoi faire perdre leur latin aux managers. « Un Millennial accepte de se voir expliquer le pourquoi, mais pas le comment. Il veut comprendre les enjeux de sa mission, mais pouvoir être libre d’y parvenir comme il l’entend. Ce mode de fonctionnement conduit à une responsabilisation de l’individu ».

Le télétravail séduit également les Millennials car ceux-ci sont des co-workers-nés. Biberonnés aux réseaux sociaux, ils cherchent naturellement les interactions. « Le fait que les jeunes fréquentent les tiers-lieux illustre leur besoin d’ouverture. Aller dans des espaces de co-working leur permet de s’enrichir de l’expérience des autres », dit-il.

Face à ces collaborateurs 4.0 qui font rimer bien-être au travail avec connexion, confiance, autonomie, responsabilisation, flexibilité et agilité, le manager est un maillon essentiel. « Le management doit réinventer son rôle, devenir un référent, un accompagnateur et le gardien du collectif. Pour ce faire, il faut en finir avec le syndrome français de la hiérarchie pyramidale façon tour Eiffel ».

C’est en s’affranchissant de la culture du contrôle au profit de la confiance que l’entreprise pourra être en mesure de répondre aux attentes des représentants des générations Y et Z.

Source Les Echos

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