XY Consulting vous souhaite …

Une excellente année 2020 !!!

Et pour cette nouvelle décennie :

« Des sourires pour chasser la tristesse,

La santé pour mieux vivre,

De l’audace pour que les choses ne restent jamais en place,

De la confiance pour éliminer les doutes,

Des gourmandises pour croquer et déguster la vie,

De la générosité pour se nourrir du plaisir de partager,

De la bienveillance pour adoucir la vie,

Des projets collectifs pour faire sens afin de nous réunir,

Et bien sûr, de l’Amour. »

XY Consulting vous souhaite …

un joyeux noël et de très belles fêtes de fin d’année …

Télétravail : les nouveaux convertis

Les Français sont moins de 2 millions à pratiquer le télétravail, mais les grèves pourraient imposer de nouvelles habitudes dans les entreprises. Chez Orange, Renault et EDF, des règles strictes ont été instaurées pour en faire une formule gagnante. Revue de détail.

Tasse de thé fumante posée à côté de son ordinateur, Eva Pernot attaque la journée de travail par le traditionnel « Bonjour » sur la messagerie Slack. Au même moment répondent une trentaine de salutations, celles de ses collègues dispersés partout en France. Ils travaillent chez BoondManager, société de conseil et d’ingénierie en « full remote ». Comprendre : télétravail à 100 %.

Ce « bonjour » obligatoire permet de marquer la frontière entre les temps personnel et professionnel. « Parce que chez soi, on peut être tenté de faire du thé », sourit la consultante, balayant toute idée de surveillance de son supérieur : on peut très bien être connecté sur la messagerie mais regarder un film… Le télétravail repose donc avant tout sur la confiance. Lors de l’entretien d’embauche, qui se fait aussi à distance, l’employeur s’assure que le futur recruté a bien une pièce de travail dédiée chez lui, avec une bonne connexion Internet et sans interruptions des enfants et du conjoint.

Retrouvailles en maison de vacances

Une fois ces bases posées, reste à forger un sentiment d’appartenance à l’entreprise. Entre les trois rendez-vous annuels où l’ensemble des collaborateurs se retrouvent en chair et en os dans une maison de vacances, les employés créent des liens par vidéo, lors de réunions quotidiennes ou hebdomadaires.

En vidéo, et pas seulement en audio comme c’était le cas les cinq premières années. « Cela permet de voir si la personne est fatiguée, si elle sourit », pointe Anthony Lambert, le cofondateur de l’entreprise. « Il est attentif à ce qu’on ait une vie sociale riche », confirme Eva Pernot, qui ne ressent pas la solitude attribuée aux télétravailleurs. Eux aussi ont leur espace virtuel de machine à café, à travers la messagerie Slack et ses chaînes thématiques, liées ou non au boulot.

« Mes collègues savent plus de choses sur moi que si je les voyais en vrai, observe Eva Pernot. A la machine à café se retrouvent dix profils différents : on ne sait jamais quel sujet lancer. Alors que sur les chaînes thématiques, on s’inscrit selon nos centres d’intérêt, comme le jardinage, la littérature… » Au risque d’être autant interrompu que dans un open space ? « C’est à nous de choisir d’activer les notifications, ou pas. C’est comme si on verrouillait la porte de notre bureau, sauf que dans la réalité, ce serait mal vu ! » Et pour que les échanges soient productifs, toute l’entreprise fonctionne sur les mêmes horaires. Un cadre que certains regrettent, mais qui a l’avantage de mettre tout le monde au diapason.

Un droit, et non un dû

Le risque est grand, en effet, que chaque individu fasse primer son agenda personnel sur le collectif. Une crainte d’autant plus aiguë que les grèves laissent présager un blocage durable des transports, et un recours de plus en plus fréquent au télétravail, à mesure que le conflit s’enlise. Les Français, qui sont moins de 2 millions à le pratiquer normalement, sont ainsi nombreux à en faire l’expérience depuis jeudi, de gré ou de force.

Ce qui n’autorise pas tout : « Les gens qui pratiquent le télétravail doivent le considérer comme un droit et non un dû », rappelle Jean-François Foucard, en charge de l’emploi et de la formation à la CFE-CGC, confédération de syndicats de l’encadrement. Il donne l’exemple d’un parent qui se rendrait indisponible tous les mercredis, au détriment de ses collègues qui voudraient le contacter ce jour-là. Selon cet observateur, les journées travaillées à distance doivent être concertées, les jours limités et inscrits dans un planning auquel les collègues ont accès. Certains sont prêts à faire sauter tous les cadres : « Un calendrier pour indiquer quand exactement on fait du télétravail ? Quelle perte de temps ! » s’exclame Jean-Jacques Briere, data scientist chez EY. Dans ce cabinet d’audit aux quelque 6.000 employés, qui sont d’ailleurs souvent en déplacement chez leurs clients, on prône la flexibilité absolue : ni formulaire à remplir, ni limites dans le nombre de jours travaillés à distance. L’employé se doit seulement d’assister aux réunions importantes, qu’on évitera d’organiser le vendredi soir. « Un membre de l’équipe veut occasionnellement travailler quatre jours chez lui ? S’il a besoin et que c’est compatible avec ses dossiers en cours, OK », résume le manager RH Romain Medioni, qui dit profiter du travail à distance avec parcimonie, son poste demandant de la proximité avec les équipes.

Un gage de confiance

D’autres, comme Jean-Jacques Briere, pourraient facilement travailler cinq jours sur cinq chez eux. Il ne prend pas cette liberté, mais se réjouit de ce « gage de confiance ». Même chose pour Ludivine Bouffard, directrice en audit financier et assurance, qui prévient le plus souvent ses équipes quand elle s’absente, alors que rien ne l’y oblige.

Cette transparence renforce la confiance entre collaborateurs, « condition pour que toute la chaîne fonctionne ». L’autre maillon, c’est le « sentiment d’appartenance à l’entreprise », selon les mots de la directrice des ressources humaines Audrey Deconclois. Plutôt que de le désagréger, le télétravail tendrait à le cultiver, car l’employé s’attache à ce généreux employeur…

Et pourtant, personne ne le nie : la présence au bureau reste irremplaçable pour certaines tâches. « Quand on veut embarquer une équipe dans un nouveau projet ou faire du brainstorming pour résoudre un problème, la présence physique des participants permet généralement d’être plus efficace. Parfois, on peut aussi avoir besoin de tenir une réunion improvisée, et quand il y a une urgence, réquisitionner provisoirement des collaborateurs présents sur place », explique Bertrand Fisch, data scientist chez EY.

C’est pour ces raisons que Yahoo! a supprimé le télétravail, en 2013. Plutôt qu’interdire, Renault a posé des garde-fous en début d’année : il oblige les membres d’une même équipe à être tous présents le même jour, au moins une fois par semaine. Objectif : « préserver le collectif de travail ».

Même chose chez Orange, avec deux jours minimum. « Malgré toute la qualité des outils de communication, la vidéo ne remplace pas le contact. Et le télétravail fonctionne bien si le collectif est d’emblée fort », insiste Martine Bordonne, référente télétravail du groupe, qui compte environ 30.000 télétravailleurs réguliers et occasionnels sur les 80.000 salariés en France.

Avec ces chiffres, un nouveau défi se pose : que les open spaces ne soient pas désertés. « Il y a quelques années, on parlait surtout des risques d’isolement du télétravailleur, mais aujourd’hui on fait attention à ce que les espaces collectifs ne se vident pas ! » Car tout employé est éligible – sauf technicien et vendeur en magasin – s’il a un bon accès Internet chez lui. Ce qui, en 2019, concerne un peu tout le monde. Non, la principale condition discriminante, celle qui revient dans toutes les bouches, employeurs comme salariés, c’est la confiance. Puis l’autonomie. Sur ce point, les entreprises ont développé des formations pour leurs employés et surtout les managers, dont le métier est réinventé. « Cela reste un défi de manager à distance », relève Martine Bordonne.

Productivité identique

Et à ceux qui redouteraient que ce gain d’autonomie du télétravailleur ne produise des employés rebelles ou fantômes, Romain Medioni, de chez EY, apaise les inquiétudes : « La relation managériale reste la même, la confiance est même plus grande. Quant à la productivité, le travail est fait, avec le même niveau de qualité . Cela a pu m’arriver d’avoir à recadrer une personne qui ne se rendait pas physiquement disponible pour répondre à certaines obligations, mais la plupart du temps, c’est l’inverse : je dois demander aux salariés de prendre du repos et de ne pas se surinvestir. »

C’est là un des dangers du télétravail : « Les employés veulent en faire plus, car ils se sentent redevables de la confiance qui leur est accordée », analyse Aurélie Leclercq Vandelannoitte, chercheuse au CNRS et professeure à l’IESEG spécialiste des nouvelles pratiques de travail. Elle mentionne également la crainte d’un manque de visibilité et de reconnaissance de l’employé, selon le dicton « loin des yeux, loin du coeur »… « Mais c’est un affect, et pas une situation réelle : les télétravailleurs sont autant promus que les autres », note la chercheuse.

Chez Renault, c’est l’une des grandes préoccupations de Marie-Laure Greffier, qui s’occupe des questions de qualité et d’organisation du travail : « Le risque n’est pas que le salarié allonge sa durée de travail, mais qu’il ne prenne pas de vraie pause déjeuner par exemple. »

Troisième voie

Pour éviter la perte d’émulation, le risque d’isolement et le dérèglement des rythmes de vie, les entreprises réfléchissent à une troisième voie : les espaces de co-working proches de chez soi. « De plus en plus de télétravailleurs investissent ces lieux qui étaient au départ surtout occupés par des free-lances. Aujourd’hui, les entreprises possèdent leurs propres espaces satellites, où elles peuvent inviter des externes, des artistes par exemple, à orchestrer des rencontres », observe Aurélie Leclercq. A la clef : sérendipité et créativité. Mais aussi, pour l’employeur, retrouver une visibilité sur certains salariés nomades…

Chez EDF, ce dispositif s’appelle « Welcome » : un ou deux jours par semaine, le salarié est bienvenu dans un des quatorze sites de l’entreprise le plus proche de chez lui. Ce qui lui fait gagner en moyenne deux heures par jour par rapport au temps habituel de transport. Depuis un an, Renault teste lui aussi le concept en Ile-de-France, et travaille parallèlement au développement du covoiturage entre salariés, pour réduire les temps de transports. Le « télétravailleur en entreprise », pourrait-on l’appeler, a accès à un bureau, une connexion Internet sécurisée, l’imprimante, la machine à café… et de nouveaux collègues. La formule idoine pour socialiser et réduire ses transports, tout en œuvrant pour le climat. Une pratique dans l’air du temps, en somme !

Source Les Echos

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