Trois leçons de management à tirer de la victoire du XV de France

Le 20 novembre dernier, au Stade de France, devant 80.000 spectateurs, l’équipe de France de rugby a battu les All Blacks sur le score de 40 à 25. Depuis 2000, elle n’avait pas battu les Néo-Zélandais à domicile et restait sur 14 défaites d’affilée. Comment a-t-elle battu cette équipe, trois fois championne du monde ? Comment s’en inspirer pour développer, au quotidien, une meilleure version de nous-même et faire progresser le collectif dans nos entreprises ? Contre les All Blacks, les joueurs français sur le terrain étaient les meilleurs à leurs postes. Si notre équipe a gagné, c’est parce que nos joueurs étaient extrêmement compétents individuellement. Croire que la solution à tous nos problèmes passe par le collectif relève d’une mythologie attractive, mais mensongère. Trop souvent, dans nos organisations, nous survalorisons le collectif au détriment de l’individu et de son autonomie. Or avant d’être performant collectivement, il faut d’abord chercher, individuellement, à progresser sans cesse pour tangenter la perfection. L’exigence est une posture individuelle avant d’être collective. Il est tellement facile d’attendre des autres ce que nous ne faisons pas nous-mêmes. L’optimisme est une façon positive de voir le monde. Cette lecture influence nos choix au quotidien.

Du réalisme plutôt que de l’optimisme béat

Tous les joueurs français étaient ravis d’en découdre face aux All Blacks. Le plaisir du jeu surmontait la pression de l’enjeu. Nos joueurs ne sont pas tombés dans le piège de la pensée positive ou de la méthode Coué. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Depuis mars 2020, date de déclenchement du premier confinement pour cause de pandémie de Covid-19, une démarche volontariste et positive est plus utile que de broyer du noir… en théorie sans doute, mais en pratique le réalisme est beaucoup plus efficace que l’optimisme béat. Soyons optimistes de volonté (« On peut le faire… ») mais pessimiste quant au chemin à emprunter (« … Mais cela ne sera pas facile »).

A douze minutes de la fin du match, notre ailier Damien Penaud intercepte une passe mal ajustée des All Blacks, file à l’essai et fait basculer le match en notre faveur. Est-ce de la chance ? Non. Nos joueurs ont étudié en vidéo les lancements de jeu favoris des Néo-Zélandais. Un joueur de rugby professionnel consacre 80 % de son temps de travail… à se préparer. Avec mon ami Christophe Urios, manager général de l’UBB (Union Bordeaux-Bègles), nous sommes toujours interloqués par le manque de préparation dans les entreprises. Le « Je vais le faire au feeling » sert de cache-misère à une périlleuse impréparation. Si vous échouez dans votre préparation, vous préparez votre échec. Le 8 septembre 2023, la Coupe du monde de rugby démarre par un match France-All Blacks. Saurons-nous nous inspirer de la devise affichée dans leurs vestiaires, à Auckland ? : « Etre meilleur ne s’arrête jamais. » Réponse dans 666 jours.

Source Les Echos – Frédéric Rey-Millet

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